« Les premiers jours étaient difficiles, mais je reprenais peu à peu des forces. Je n’étais pas seul dans la chambre et celui avec qui je cohabitais parlait à peine français. Il passait ses journées à dormir ou à regarder des vidéos sur sa tablette, je n’existais pas. Cela m’arrangeait car je n’avais pas vraiment le courage de parler, ni l’envie. Peu m’importait l’ameublement spartiate, deux lits, une petite table et une chaise, tout était blanc. Comme si le blanc pouvait effacer la noirceur de mes pensées…

Puis j’ai recommencé à marcher un petit peu, j’errais dans les couloirs de l’unité de soins, un pas après l’autre, au milieu des dépressifs, drogués et alcooliques. Notre étage ressemblait à un long couloir pourvu de très nombreuses portes avec une cuisine et quelques tables au centre de celui-ci. La déco était très contemporaine et dépourvue de caractère. Quelques plantes vertes apportaient un peu de vie dans ce désert émotionnel. Un monde étrange, qu’est-ce que je faisais là ? Je ne suis pas fou moi, pourquoi m’a-t-on enfermé ici, coupé du monde et avec des gens bizarres ? »